Les usages du cheval dans l'histoire

La vie de cheval à l'époque de napoléon

Avant de devenir un compagnon de sport et de loisir, le cheval était un bien aux rôles indispensables dans le quotidien des hommes. D’abord partenaire de travail dans l’agriculture puis premier moyen de déplacement utilisé, il a su aussi s’imposer comme signe extérieur de richesse dans la bourgeoisie et notamment au rang des plus grands hommes de l’histoire.

Labour, oeuvre de Jules-Jacques-Veyrassat, 1828–1893, Péronne ; musée Alfred Danicourt.

Du partenaire de travail...

...au destrier de guerre.


Changement de chevaux au relais de poste - Œuvre de Heinrich Bürkel (1802-1869). https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_de_poste

Au XIXème siècle, deux domaines essentiels font du cheval un élément de travail indispensable : la Poste et l’armée. Les Postes à chevaux se retrouvent tout du long des 9500km de routes empruntables en voiture publique de l’époque. En France, à la fin du XVIIIème siècle, on compte 1200 relais de poste. Ces derniers sont des établissements, coiffés d’un cor de chasse symbolique, construits au bord des chemins pour assurer le changement des chevaux jusqu’au prochain relais. Les trajets s’effectuant le plus souvent au galop afin de gagner un maximum de temps, il était nécessaire de renouveler fréquemment l’attelage. Ainsi, ces bâtiments d’échange étaient disposés environ tous les 9km. Parfois, les prochains chevaux 


attendaient déjà harnachés devant le relais et les voyageurs n’avaient même pas le temps de descendre tant le relais était expéditif. Le bien-être des animaux était malheureusement secondaire et le poids des véhicules qu’ils tractaient ne leur rendait pas la tâche facile. Il arrivait quand même que dans les côtes trop importantes, les voyageurs de classe inférieure descendent pour pousser la voiture dans le but de soulager les chevaux. Alors qu’en Angleterre les ingénieurs s’attelaient à la fabrication de véhicules plus ergonomiques, en France, la rentabilité du transport des bagages prime et les chevaux se voient contraints de tracter des monuments sur roue au péril de leur vie. Le remplacement de la bricole, un harnais qui passait devant le poitrail, par un collier a rendu tout de même plus confortable et surtout plus efficace la traction.

Malle-poste au relais, modèle 1805. Gravure en couleur, datée de 1817, de Victor-Jean Adam et Louis-Philippe-Alphonse Bichebois, d'après une oeuvre de Jean-Antoine Duclaux.

Villain (lithographe), d’après Raffet. Tricycle, lithographie, 1828, détail, inv. CMV.1122.

© Musée national de la Voiture et du Tourisme, Palais de Compiègne.

Gustave, James. Le postillon, page de couverture de partition, sur des paroles de Félix Mouttet et une musique de Paul Henrion, s. d., inv. CMV1119.

Phot. Arnaudet, Daniel, RMN-Grand Palais (domaine de Compiègne). © Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux : 96-008918.

 


Cependant, les mauvais traitements ne s’arrêtaient pas à la dureté du travail. Pendant un temps une mode consistait à épiler l’intérieur des oreilles des chevaux. L’administration des Postes a dû rapidement intervenir pour faire cesser cette pratique qui représentait un danger vis-à-vis de la gêne occasionnée aux animaux par les insectes notamment. Au relais, si un cheval refusait de s’hydrater, il n’était pas rare qu’on lui fasse avaler de force du sel dilué dans de l’eau. Si cette première punition ne suffisait pas, on lui faisait boire jusqu’à un litre de vin. D’autres formes de maltraitance étaient monnaie courante cette fois en ville où les chevaux étaient aussi largement exploités dans le transport public. Les charretiers n’hésitaient pas à frapper et hurler sur leur attelage déjà épuisé par le travail pénible. Si un cheval venait à s’effondrer au sol, c’est à coup de pied dans le ventre qu’on lui ordonnait de se relever. Ces scènes violentes étaient banalisées par la rue mais créaient un contraste dérangeant dans la société puisque la cavalerie bourgeoise n’aurait jamais été traitée de la sorte. Un cheval logé aux écuries royales était entretenu et choyé par toute une équipe d’écuyers, piqueurs et palefreniers dans un cadre luxueux.

Le cheval reste jusque dans les années 1840 un bien à valeur monétaire dont le sort dépend des traitements que lui administre son propriétaire. Il faudra attendre cette période pour que des mesures juridiques protègent les chevaux et notamment via la création de la Société Protectrice des Animaux.

Formentin & Cie (imprimeur-lithographe), Adam, Victor-Jean (1801-1866). La vie d’un cheval, lithographie, s. d., inv. CMV.3690.

Phot. Musée national de la Voiture et du Tourisme, Palais de Compiègne. © Musée national de la Voiture et du Tourisme, Palais de Compiègne.

Le 2 juillet 1850, la loi Grammont accorde un peu de répit aux chevaux et autres animaux victimes de violence dans les rues ou à la guerre.es. 


Avant la Révolution Française, dans l’aristocratie, l’équitation était une activité comme une autre mais principalement à vocation guerrière. Lors des guerres Napoléoniennes, la pratique devait rompre avec l’académisme dans le but de former davantage de cavaliers de combat. S’il était nécessaire de rassembler plus de cavaliers, il était nécessaire également de réquisitionner des chevaux. Ceux-ci étaient sélectionnés par des épreuves testant leurs capacités d’endurance et d’évolution en terrain varié avec plus ou moins de charge à porter. Dans les conquêtes Napoléoniennes, le cheval était un élément clef dans le combat, la logistique, les patrouilles et la reconnaissance sur le territoire. La cavalerie a d’ailleurs été un élément décisif dans la défaite de la France de Napoléon. Les batailles s’enchaînant, les chevaux étaient épuisés et les centres chargés de renouveler les effectifs disparaissaient peu à peu. Les pertes à la fin des guerres menées par l’Empereur sont estimées à 500 000 chevaux et 800 000 soldats. Même les nombreuses montures de Napoléon n’ont pas échappé aux atrocités de la guerre. Il n’accordait pas toujours beaucoup d’attention à ses chevaux et l’histoire a surtout retenue le nom de ceux qui lui ont fait remporter des batailles. Ce fût notamment le cas de l’arabe gris Wagram auquel il accorda une affection particulière, qu’il lui savait lui rendre. Wagram accueillait l’Empereur aux écuries en grattant le sol et ne cessait qu’une fois avoir reçu une caresse ou un baiser de son propriétaire. Pendant le « Vol de l’Aigle » en 1815, c’est le cheval gris pommelé Tauris qui accompagna Napoléon de Golfe-Juan à Paris mais aucun récit ne relate la relation qu’ils entretenaient.

Échantillon de la cavalerie de l'armée napoléonienne lors d'une reconstitution de la bataille de Waterloo : hussards, chasseurs à cheval, chevau-légers lanciers polonais, grenadiers à cheval et dragons. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_durant_les_guerres_napol%C3%A9oniennes

Napoléon et Tauris pendant la bataille de Waterloo, après le Vol de l'Aigle.

Bataille de Waterloo, 18 juin 1815, au Musée des Beaux-Arts de Montréal.

http://www.alex-bernardini.fr/histoire/les-cent-jours.php

Napoléon et Wagram pendant la bataille de Wagram.

Bataille de Wagram, 6 juillet 1809, par Horace Vernet.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Wagram