Le cheval dans l'art

ACCESSOIRE DU POUVOIR OU ANIMAL GLORIFIé  ?

« Personne n'a célébré les chevaux de 1812 à la juste hauteur de leurs souffrances. Les hommes tombés au champ de guerre, eux, sont glorifiés. Des monuments rappellent leur courage. Des livres racontent leurs hauts faits. Des rues et des enfants portent leurs noms. Mais les bêtes ? À quoi ont-elle le droit ? À rien. Sinon peut-être à la considération des peintres »

— Berezina, Sylvain Tesson

Louis XVIII, Roi de France et de Navarre. Auteur anonyme.

© Photo RMN-Grand Palais - J.-G. Berizzi.

https://histoire-image.org/fr/etudes/louis-xviii

Napoléon franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard, Jacques Louis David en 1800. https://histoire-image.org/fr/etudes/bonaparte-glorifie


Dans l’art du XIXème siècle, le cheval tient une place capitale sur les tableaux sans être pour autant l’intérêt principal de l’œuvre. En effet, l’animal a surtout pour but de mettre en valeur l’homme qui le chevauche en témoignant ainsi de ses compétences de cavalier. Il fait ressortir également sa prestance et réhausse son pouvoir en fonction de la posture imagée dont la signification n’est jamais laissée au hasard. Par exemple, un cheval monté avec un antérieur levé représente l’autorité royale prête à s’abattre sur l’opposant. Le célèbre portrait de Napoléon sur un cheval se cabrant souligne la témérité de l’Empereur et sa rigueur en matière de conduite d’une armée. En commandant eux-mêmes ces œuvres, les hommes politiques occidentaux mettaient volontairement leurs compétences en avant et ce, en grande partie, grâce à l’image du cheval qui les accompagnait sur la peinture. Cette représentation de la puissance souveraine s’accentue par le choix de la couleur du cheval qui penche le plus souvent vers le blanc. Couleur symbolique, la robe blanche ou grise focalise davantage le regard du spectateur vers le sujet principal et détache ce dernier du fond souvent très foncé. La race du cheval suit aussi les époques et les mouvements artistiques. Le début du romantisme délaisse notamment les chevaux espagnols ronds pour laisser place aux arabes ou aux pur-sang profilés pour la vitesse.

Philibert-Louis Debucourt, Les chevaux de bateau, XIXe siècle, musée Condé, Chantilly. https://www.herodote.net/Au_travail_-synthese-2129.php

Cheval arabe blanc-gris de Théodore Géricault, 1812, conservé au musée des beaux-arts de Rouen. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_dans_l%27art

D’autres représentations du cheval le mettent en scène dans la vie de tous les jours. Un quotidien où il est utilisé comme un outil de travail et où il est rarement traité avec respect. Les artistes choisissaient probablement de représenter cette réalité par compassion et pour que leurs souffrances ne soient jamais oubliées.

 

 

Le cheval en lui-même est très peu mis en avant dans l’art. Bien que des maîtres peintres renommés se soient intéressés à la peinture purement animalière tels que Géricault ou Delacroix, leurs noms fait principalement écho à leurs œuvres historiques telles que « Le radeau de la méduse » ou « La liberté guidant le peuple ». Tous les artistes ont besoin de commandes pour vivre de leur art et si la noblesse demande d’être peinte ou sculptée en compagnie de leur monture, elle ne fait pas de demande de tableau pour leur monture dite « nue ». Le cheval est encore à cette époque un élément accessoire du prestige, sa considération passe d’abord par celle de son cavalier, au reflet de la réalité.

Lithographie d'après Eugène Delacroix, imprimée par Bertauts, et publiée dans le journal l'Artiste en 1865.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Delacroix_Cheval_sauvage_1828.jpg